vendredi 1 avril 2011

A contre-courant

Les suites du décalage horaire s'estompent tout doucement et le quotidien reprend petit à petit ses droits. Ma mie nippone étant encore pour 4 semaines dans son pauvre pays au futur incertain, mon esprit est toutefois toujours loin, bien loin de cette réalité pécunière nécessaire mais pas forcément folichonne.
Ce séjour au Japon, que j'attendais avec impatience, a été en partie vidé de sa substance par la catastrophe du Tohoku. Peut-on profiter des vacances avec en permanence en tête les images de la vague meurtrière et de la menace nucléaire ? Oui, on peut et on le doit, pour les japonais ! Ce n'est pas la première catastrophe naturelle qui frappe le pays et sûrement pas la dernière. Toutefois, les japonais continuent à vivre, sans paniquer et s'entraident. Cette solidarité est exemplaire et bien nécessaire, vu qu'ils ne peuvent absolument pas compter sur leur gouvernement, passif et sans aucun sens de l'initiative. Malgré la situation dramatique, ils vont de l'avant, sans se plaindre. En tant qu'hôte récurrent en ce pays, je me dois moi aussi de regarder vers l'avenir et ne pas m'appitoyer sur mon sort et mes vacances en demi-teinte. J'ai de nouveau vécu des moments inoubliables, rencontré des gens formidables et dès que possible, je retournerais dans ce beau pays !

J'espère que ce carnet de voyage vous a plu. Il est temps à présent qu'il se retire pour aller hiberner, jusqu'au prochain périple. Pour finir, une coutume qui reflète bien l'âme nippone : hanami.
Tous les ans à cette époque, les japonais se réunissent dans les jardins pour fêter l'arrivée du printemps et admirer la floraison des cerisiers. Celle-ci ne dure pas longtemps, 1 à 2 semaines au plus et cette évanescence rappelle aux gens que rien ne perdure, qu'il faut savoir profiter de l'instant. C'est en quelque sorte le Carpe Diem nippon.

mardi 29 mars 2011

Les divagadations du déphasé

5h30 hier, 4h30 aujourd'hui, mon corps est bien rentré mais mon esprit vagabonde encore en Asie, à la recherche de son horloge biologique perdue.
Mes nuits sont plus belles que vos jours, tel était le titre d'un film francais il y a quelques années. Dans mon cas ca serait plutôt en ce moment mes nuits sont plus courtes que vos jours...
Un homme qui parle aux chats et rencontre la personification d'une marque de whisky, un adolescent fugueux torturé à la recherche de son futur à Shikoku, "Kafka on the Shore" de Murakami Haruki couvre mes insomnies d'un voile d'étrangeté et d'évasion bien agréable.
A l'écoute des mélodies langoureuses d'Angus & Julia Stone, je regarde le soleil se lever sur Offenbach et vais aller sur le marché. Si ca continue je vais bientôt pouvoir aider les maraîchers à installer leurs stands ;-).

lundi 28 mars 2011

La journée sans fin, retour au bercail germain

6h30* : Le réveil sonne. Petit déjeuner et dernière vérif des bagages.
7h30 : Le taxi est là et nous emmène à la gare routière d'Izumigaoka.
7h50 : Départ en bus pour l'aéroport.
8h50 : Arrivée à l'aéroport
9h30 : Les bagages sont enregistrés, petite ballade dans la galerie marchande. Je m'offre 1 dernier en-cas nippon, un "katsu-sando" (sandwich garni avec des morceaux de cotelette, de la salade et de la sauce barbecue, miam !).
11h00 : Embarquement avec pas mal de retard (le départ était prévu pour 10h55...)
11h40 : Décollage
22h30 : Arrivée à Helsinki après 1 vol sans histoire, pas de dodo mais 2 films très intéressants (1 thriller coréen et 1 roadmovie finlandais).
Recontrôle des bagages à main, petit footing jusqu'à la porte d'embarquement (nous sommes arrivés en retard...).
23h30 : Décollage.
2h du mat : Arrivée à Francfort sous le soleil.
2h30 : Taxi.
3h : Enfin à la maison.
6h : Au dodo. Le voyage est terminé.
*Tout est "Heure du Japon"

samedi 26 mars 2011

Koshi-En, ciel et enfer du baseball junior

Dernière journée au Japon. Afin de bien finir ce séjour pas toujours facile, je vais réaliser un de mes rêves, voir en live un tournoi de baseball !


Deux fois par an, au début du printemps et durant les vacances d'été, les meilleurs équipes de baseball des lycées se retrouvent dans le nord d'Osaka pour le Koshi-En, un tournoi très très apprécié et qui permet de découvrir les futures stars du baseball professionnel nippon. Ce tournoi se déroule toujours dans le stade des Hanshin Tigers, l'équipe pro de Osaka, 1 des leaders de la ligue.
Une amie de Kumiko est venue exprès en bateau depuis Sado (île située à env. 800 km sur la côte nord-ouest, côté mer du Japon) pour assister au match de son équipe favorite, qualifiée pour la première fois pour le Koshi-En. Le premier match de la journée (Sado contre Wakayama) débutant à 9h et le stade étant assez loin de Sakai (2 h de transports en commun), nous n'en voyons que la fin. La partie tourne malheureusement très en défaveur de Sado, score final 1-8.
Le 2ème match ne s'avère pas très intéressant, avec 2 équipes possédant bien une très bonne défense mais par contre des attaquants pas très brillants. Au contraire, le 3ème et dernier match de la journée, qui oppose un lycée de Tokyo à celui de Kumamoto (île de Kyushu), est passionnant.


Alors que la partie est durant les premiers ining (en gros équivalent des sets au tennis, un match comptant 9 ining) entièrement dominée par l'équipe de Kumamoto (7-1 après 3 ining), l'équipe de Tokyo se ressaisit et commence petit à petit à revenir au score à partir du 4ème ining. Très encouragée par des fans endiablés et pas mal emméchés, l'équipe de Tokyo égalise à la fin du 8ème et avant-dernier ining. A la fin du 9ème ining, alors que le score est toujours de 7-7, le receveur de Tokyo laisse tomber la balle et l'attaquant de Kumamoto arrive juste juste à finir le circuit. Score final 8-7 pour Kumamoto. Nous étions dans la tribune des fans de Tokyo, c'était franchement super !
Après ce match extraordinaire, nous retrouvons la copine de Kumiko à l'extérieur du stade puis retournons ensemble dans Osaka.


Affamés, nous reprenons la direction du sud à destination de notre quartier favori, Tengachaya.
Sur place, passage obligé chez le boucher qui fait les meilleurs korokke d'Osaka. Ensuite, nous nous posons dans l'Izakaya qui m'avait beaucoup plu la semaine dernière. Par hasard, un japonais avec qui j'avais bien tapé la converse est de nouveau présent. Les petits plats et l'atmosphère sont aujourd'hui encore excellents et nous passons une très bonne soirée.

vendredi 25 mars 2011

Comment user ses chaussures sur la montagne sacrée

Le mont Kôya, une montagne au sud d'Osaka, dans la préfecture de Wakayama est le but de mon excursion d'aujourd'hui, la dernière de ce séjour malheureusement écourté. Véritable montagne sacrée et sanctuaire du bouddhisme, le mont Kôya est un lieu de pélerinage très connu dans tout le Japon.

Départ 7h30 de chez Kumiko, arrivée 10h en gare de Gokurakubashi, le terminus du tortillard qui m'amène au pied du mont Kôya. Tous les voyageurs présents prennent le funiculaire jusqu'à l'entrée du sanctuaire. En fait pas tous, vu que je décide de faire le trajet à pied. Après avoir traversé le bien décevant pont de la béatitude (Gokurakubashi), je commence ma randonnée par 45 minutes d'un chemin pavé et solitaire qui me conduit à Nyônindo, le point que les femmes ne peuvent pas franchir. En effet, jusqu'au début de l'ère Meiji (env. 1860), il était interdit aux femmes de pénétrer sur le site sacré de Kôyasan. Encore aujourd'hui, certains temples sont encore réservés aux hommes. Ceci montre bien le machisme de la société japonaise, encore très archaique et conservatrice par rapport à celles des pays occidentaux.

Durant des siècles, les femmes n'avaient pas d'autre choix pour leur pélerinage que de suivre un chemin ardu contournant le sanctuaire de Kôyasan. Plus intéressé par le côté nature du site que par les temples eux-mêmes, je ne rentre pas dans Kôyasan mais m'engage sur le chemin des femmes.
Comme durant l'ascension jusqu'à Nyônindo, je suis seul dans une forêt très touffue qui ressemble à une jungle. Le sentier est très raide et malgré les températures assez glaciales, je suis obligé de tomber la veste. Au sommet, un petit temple et une vue magnifique récompensent l'effort accompli. Ensuite, redescente sur un sentier jonché d'Inari, les portes caractéristiques du shintoisme jusqu'à Daimon, la grande porte, en bordure du sanctuaire. Je n'y pénètre toujours pas et repars dans la nature sur le chemin des femmes.


Après une mini-chapelle consacrée à des Jizo (divinités enfantines) sans visage, nouvelle ascension très raide jusqu'à un belvédère impressionnant où 2 japonais observent les oiseaux à la longue vue. N'étant qu'à la moitié du trajet au bout de 2 heures, je ne m'attarde pas et me réenfonce dans la jungle. A partir de ce point, je suis de nouveau seul et vu l'absence de tous repères j'ai l'impression de marcher pendant des heures, montant et descendant au fil du sentier, très beau mais un peu monotone.


13h30, après plus de 3 heures de marche depuis la gare, j'arrive enfin à ma première destination, Okuno-in, un immense cimetière dans une forêt d'arbres gigantesques. Lors de mon séjour à Kyoto j'ai déjà vu des grandes cimetières mais en comparaison de celui-ci ils font figure de jardinets !
D'après mon plan, de nombreuses figures historiques sont enterrées ici mais d'après Kumiko leur véritable tombe est ailleurs, mais vu que la montagne est sacrée on a juste amené quelques cendres afin de leur assurer un bon passage vers l'au-delà.
Avant de commencer ma visite, je me pose 5 min. bien cassé et déguste mon obento. Ce n'est pas grand chose, des sushis de supermarché mais quand on a vraiment faim tout devient délicieux ;-).


Ayant repris des forces, je me ballade dans le cimetière puis dans le reste du sanctuaire. La plupart des temples se ressemblent et ne présentent pas de véritable intérêt. Par contre, un site dans la partie ouest se distingue des autres par d'immenses pagodes et un étang avec un temple shinto en son centre.


15h30 : mon train partant dans une heure, il est temps de redescendre à Gokurabashi. Arrivé en bas, je m'effondre sur un banc et manque de louper le train m'étant assoupi. Ensuite, 3 trains, 1h30 de trajet semi-éveillé puis 20 min. à pied.
19h : arrivée chez Kumiko bien cassé. Un bon bain, de l'anguille fritte et 1 bonne bière puis au dodo !

mardi 22 mars 2011

Prise de décision et déambulations urbaines

Lundi après-midi sur le site nucléaire de Fukushima : une fumée noire s'échappe du réacteur 3, toute la zone est évacuée, les opérations d'arrosage et travaux de rétablissement de l'alimentation électrique sont interrompus. En entendant ces nouvelles peu rassurantes, je me suis mis à imaginer les gros titres des médias européens du jour et mon estomac s'est noué en pensant à la réaction de mes proches, déjà bien inquiets à mon sujet. Durant toute la soirée, j'ai beaucoup cogité et au final décidé de contacter le lendemain Finnair pour avancer mon vol. Cette décision, même si elle paraît un peu précipitée, ne l'est pas. Depuis mon séjour à Kyoto j'y pensais mais ne voulais pas céder à la panique. A force de suivre plusieurs fois par les jours les nouvelles, on reste bien sûr informé mais dans le même temps, on entretient un niveau de stress permanent. A cause de cette tension continuelle, il est bien difficile de profiter de ses vacances...
Enfin, c'est fait, je rentre ce dimanche (27.03), ma famille est soulagée, pour moi la pression retombe un peu et je vais m'efforcer de tirer partie du temps qu'il me reste au pays du soleil levant.


 Aujourd'hui encore, journée de promenade dans Osaka, en partie avec Kumiko, en partie seul. Dans les quartiers suds de la métropole nippone, de nombreux endroits restent à explorer, surtout près de Tennoji. Même Kumiko, originaire d'Osaka, a pu découvrir de nouveaux coins sympas, entre autre 1 temple minuscule avec une statue de bouddha couché ou bien une immense statue de bouddha aux milles bras qui fait un peu penser à l'attaque imminente de Gozilla dans les vieux films de la Tohei.


 C'est d'ailleurs dans cet endroit que nous dégustons nos obento (boîte déjeuner), achetés dans un magasin minuscule le long du chemin. Tout est délicieux, du riz parfumé aux légumes de montagne, du navet mariné à l'orange. C'est ca que j'apprécie dans Osaka : même au détour d'une ruelle on peut trouver de quoi manger pas cher et souvent d'une qualité exceptionnelle, comme aujourd'hui.


Kumiko ayant 1 rendez-vous dans le quartier des affaires, je poursuis ma ballade seul et me rend près de la gare principale d'Osaka, sur l'île de Nakanoshima. Bien qu'entouré de grattes-ciel, ce coin de verdure au coeur de la mégapole est bien sympathique. Des statues d'art moderne ornent les berges du fleuve. Habituellement assez peu réceptif à la sculpture contemporaine, je me surprend à apprécier les oeuvres présentées ici. La plupart sont droles, inventives et belles, ce qui est, à mon avis, rarement le cas pour l'art moderne.

Vers 15h30, je retrouve Kumiko et nous allons prendre un café dans un endroit célèbre pour son café et ses beignets. Tenu depuis 3 générations par la même famille, ce café à l'atmosphère vieillote et rustique ne paie pas de mine mais sa réputation n'est pas volée ! Le café et les beignets sont vraiment excellents, l'endroit donne envie d'y revenir et d'y passer des heures à bouquiner ou à philosopher :-).
Après le calme, la marée humaine. En sortant du café, nous nous rendons à Shinsaibashi, 1 des plus grandes stations de métro de la ville et le point de départ d'une des arcades marchandes les plus courrues d'Osaka. Elles s'étendent entre Shinsaibashi et Namba et même au milieu de la nuit on n'y est jamais vraiment seul. Nous y entrons à 17h et c'est l'enfer. On ne peut pas avancer, bousculant et se faisant bousculer par la faune juvenile aux atours tous plus excentriques les uns que les autres et les nombreux vélos qui on ne sait comment arrivent à se faufiler dans la masse tels des motos sur une route de montagne.
N'en pouvant plus, nous trouvons refuge dans une ruelle 1 peu cachée et deserte où périclitent des magasins traditionnels, marchands de kimonos, d'éventails, porcelaine, etc. Nous entrons dans un de ces magasins, accueillis par un vendeur très polyglotte (il parle bien allemand, anglais, 1 peu de francais et de russe) et son père, 1 octogénaire en pleine forme et à la langue bien pendue. Ils nous déballent bien sûr tout le magasin, entre autre des "Netsuke", petites sculptures en bois d'une grande finesse, représentant des motifs animaux et à l'origine servant d'attache sur les obis (ceintures de kimonos) pour par ex. un porte-monnaie. L'une d'elles, deux poissons enlacés comme le symbole du Yin et du Yang, me plait particulièrement. Bien que n'ayant plus d'utilité particulière et assez chère (70€), je l'achète. C'est à la fois un souvenir et un soutien pour ce genre de magasin, malheureusement espèce en voie de disparition.


Ayant fait ma BA culturelle de la journée, nous quittons cet havre de tranquilité et nous replongeons un temps dans la jungle urbaine avant de nous rendre à Tengachaya, le quartier qui nous avait bien plu il y a quelques jours. Après avoir fait le plein de korokke et dégusté des takoyaki, nous rentrons au bercail.

lundi 21 mars 2011

Dimanche aux bains

Bonjour tout le monde.
Alors qu'à Fukushima, les autorités ont l'air de reprendre lentement le contrôle de la situation, la situation des sinistrés du séisme est encore très précaire, voire catastrophique. Des dizaines de milliers de personnes sont toujours sans abri, voire entièrement coupées du monde, sans nourriture, eau ni chauffage. Le rétablissement des infrastructures détruites a à peine commencé et va prendre des mois. Pendant ce temps, vu qu'il n'y a - pour l'instant - plus d'explosion imminente de la centrale nucléaire, les médias occidentaux semblent ne plus vraiment s'intéresser à la situation nippone, tout le monde se concentre sur la Lybie. On a franchement l'impression que seules les mauvaises nouvelles et situations critiques les intéressent. Le sang et les gros titres catastrophiques ça fait vendre... Si jamais je me trompe, n'hésitez pas à me corriger via des commentaires sur Facebook ;-).
Sinon, hier journée tranquille. Kumiko et moi avons passé la matinée dans une sorte de centre de thalasso très agréable, avec 1 dizaines de bains différents, aussi bien en intérieur qu'à l'extérieur, 1 sauna, 1 hamam, le tout pour 4€ par personne ! Ensuite, le temps s'étant dégradé, après-midi bouquin et téloche.
Petite anectode pour terminer : dans le salon j'ai trouvé 1 nouvelle perle franco-japonaise. Enjoy et à bientôt.

samedi 19 mars 2011

Enfin à jour - dernières news de Sakai

Ayant enfin accès à Internet, je viens de finir 1 grosse mise à jour du blog avec le récit complet du séjour à Kyoto. Pour ceux qui veulent lire ça dans l'ordre, voici le sommaire :

13.03 - Fukushima, cauchemard éveillé / Kyoto, fol espoir de sérénité
14.04 - Exode, bain de culture nippon et rencontres internationales
15.03 - Orgie de temples, images futiles et le paradis du porc mariné
16.03 - Montagne sacrée dans la poudreuse et retour au bercail

Sinon, la situation à Fukushima est bien sûr toujours très grave mais comme vous allez pouvoir le voir aux infos, les mesures prises (arrosage, rétablissement de l'alimentation électrique des pompes) ont l'air de tout au moins maintenir la situation sous contrôle, la radioactivité directement à côté de la centrale aurait légèrement baissé. Wait and see !
Pour finir, hier j'étais à Osaka avec Kumiko et voici 1 bafouille sur ma journée :

Métro à gogo, temples, pruniers et vieux quartiers

3 nuits à ne pas dormir suffisamment paient leur tribut, hier j'ai fait quasiment 1 tour du cadran. Après 4 jours de déambulation, journée tranquille chez les parents de Kumiko à récupérer.

Aujourd'hui, au programme : visite d'Osaka. Kumiko ayant plusieurs rendez-vous pour le boulôt et vu que le vendredi le ticket de métro à la journée est moins cher, nous partons ensemble pour la mégapole du Kansai.


Je m'arrête dans le sud de la ville, à Tennoji, un des rares quartiers ayant conservé de vieux bâtiments et n'ayant pas été victime des marchands de béton et du modernisme à tout prix. Après m'être informé auprès du syndicat d'initiative de la gare, je me ballade, itinéraire en poche, au nord de Tennoji. Première étape : le temple de Shitennoji, de nouveau 1 complexe immense avec de nombreux bassins à tortues.
Je tombe en plein milieu d'une fête religieuse, l'occasion pour les japonais de rassassier non seulement leurs besoins de spiritualité mais également leur estomac : les jardins du temple sont jonchés de boutiques en tout genre, en majorité des snacks. Tout est franchement pas cher et je me laisse tenter par un verre d'Amazake (boisson sucrée et non alcoolisée à base d'extrait de saké de riz et de gingembre) puis dévore une "omu-soba", omelette fourrée avec des nouilles grillées, des lamelles de porc et du chou. Tout est délicieux et en tout, je dépense 3€. Qu'on ne vienne plus me dire que le Japon est 1 pays cher...
Ensuite, visite de nombreux temples et mini-cimetières pendant 2 h. Le chemin n'arrête pas de grimper et redescendre et au bout du compte j'ai déjà éliminé mon omelette quand j'arrive à la fin de la ballade conseillée et ai de nouveau faim !
Je reprends le métro et me mets à la recherche dans le quartier des affaires de Sakaisuji-Honmachi d'un resto de Tonkatsu (tranches d'escalope de porc panée servies avec 1 sauce worcester et du chou émincé) que Kumiko a trouvé sur Internet. Trouver 1 endroit précis dans Osaka n'est pas 1 mince affaire... Après la guerre, la ville a été reconstruite sans véritable plan d'urbanisme et c'est le bordel complet ! Après 30 min. à courir dans tous les sens et à demander à chaque coin de rue, j'apprends par le gérant d'un magasin de kimonos que le resto que je cherche n'existe plus. Grr.... En plus d'être affamé, j'ai bien les boules.
Et hop, retour dans le métro, cette fois en direction du nord, jusqu'aux arcades marchandes de Ten-Roku, les plus grandes de tout le Kansai.
Elles s'étendent sur 2-3 km, 1 grande avenue couverte et 1 labyrinthe de ruelles autour, avec des commerces en tout genre, de la baraque à Korokke (croquettes de pommes de terre frittes, big miam !) en passant par les incontournables et insupportables pachinko-parlor (centre pour sortes de billards verticaux qui font 1 bruit d'enfer), les magasins aux noms pseudo-européens qui ne veulent rien dire (voir la perle ci-contre, pour voir 1 version agrandie, cliquer sur l'image) jusqu'aux magasins de kimono et de thé.
L'offre en restos, snacks et autres échopes est immense, j'opte pour 1 petit café spécialisé dans les fruits de mer et mange 1 Kaisendon (morceaux de poisson cru, sashimi, et d'algues sur une montagne de riz).
C'est assez bon et surtout pas cher du tout : 5€ avec une soupe, des légumes marinés et 1 thé.

Il est presque 15 h, heure à laquelle je dois appeler Kumiko qui a fini de bosser. Nous nous retrouvons à proximité du château d'Osaka et nous promenons longtemps dans le beau parc, admirant de nombreux pruniers en fleur.


Après cette bouffée de nature, retour dans le métro en direction du sud, jusqu'à Tengachaya, 1 autre vieux quartier où nous allons passer la soirée. A proximité de la gare, nous trouvons par hasard 1 boucher qui fait aussi des plats fris à emporter (escalopes, korokke, etc.) et vend des sauces de fabricants du coin pour aller avec. Kumiko recherche toujours ce genre de produits pour en rapporter en Allemagne. Cédant au fumet des produits proposés, nous mangeons sur place des korokke et de la viande pannée. C'est très bon, pas cher du tout et l'occasion de papoter avec la proprio de l'endroit.
Ensuite, bura bura (ballade sans but précis) dans de vieilles arcades marchandes où Kumiko découvre des produits de son enfance qui ont quasiment disparu partout ailleurs. Pour finir, diner dans une Isakaya (bar où l'on mange des en-cas en buvant du saké ou de la bière) à l'ambiance très sympa, avec beaucoup d'habitués qui viennent souvent après le boulôt. Les plats proposés sont délicieux et tout est très très abordable. A deux, 3 boissons alcoolisées chacun, 1 dizaine de plats → 35€.
Dans tous les cas, endroit très agréable pour terminer 1 journée bien remplie.

vendredi 18 mars 2011

Montagne sacrée dans la poudreuse et retour au bercail

Je ne sais pas si c'est grace aux bouchons anti-bruit d'Olivier ou si j'étais trop fatigué pour entendre quoi que ce soit mais j'ai bien dormi cette fois-ci.
Dernier petit déjeuner au Gojo Café en compagnie de Patrick, Olivier et Trine. Après avoir refait mon sac, je dis au revoir à tout le monde puis pars pour Ohara, 1 montagne sacrée au nord de Kyoto. 2 trains, 1 bus et 1 heure plus tard, j'arrive dans le village de Ohara où il commence à neiger... Hier encore il faisait 18°C et je me suis baladé en T-shirt. Je ne sais pas si c'est lié aux suites du tremblement de terre mais la météo est très bizarre et complètement atypique. Théoriquement, à la mi-mars il fait chaud, la floraison des pruniers est quasi terminée et celle des cerisiers commence doucement. Au lieu de ca, il neige !

Le site de Ohara est immense avec pas loin de 20 temples, malheureusement tous payants (en moyenne 7€ par temple). Je commence par le Sanzen-in, 1 temple boudhiste entouré d'un jardin idyllique avec de petites statues de jizo (portes-bonheur à l'allure enfantine) quasiment encastrés dans des tapis de mousse vert brillant.

C'est magnifique et me fait vraiment penser à certaines scènes du chef d'oeuvre animé de Myasaki Hayao, "Princesse Mononoke". Le tout sous une giboulée de neige, vraiment très beau. Vu qu'il neige 1 peu trop fort, je me réfugie dans une maison de thé qui surplombe la prairie aux jizos et savoure du thé vert (macha) et du thé au shiso (1 sorte de basilic nippon) qui est offert gracieusement aux visiteurs.


Ensuite, je visite 4 ou 5 autres temples, également intéressants mais pas aussi marquants que le Sanzen-in. Le temps est très bizarre, 1 averse de neige, 15 min. d'éclaircie, 1 nouvelle averse de neige.
Frigorifié, fatigué et presque à court d'argent (à 7€ le temple rien d'étonnant...), je redescend de la montagne plus tôt que prévu et repasse à la Gojo Guest House pour récupérer mon sac à dos que je leur avais laissé.
Ensuite, 2 h de trajet et de nombreux changements pour rentrer à Izumigaoka, la banlieue où habite la famille de Kumiko.

jeudi 17 mars 2011

Orgie de temples, images futiles et le paradis du porc mariné

Mon dieu que j'ai mal dormi ! Ma chambre donne côté rue et la rue en question est une 2x2 voies... 1 peu vaseux, je déjeune tranquillement en discutant avec Olivier et Patrick, les 2 francais. Olivier me donne des bouchons anti-bruit, avec ça la nuit prochaine devrait être plus reposante ! Ensuite, je loue 1 des vélos de la pension (5€/jour, pas cher !) et repars en vadrouille.

Tout d'abord, je traverse le marché de Nishiki, LE marché couvert de Kyoto. C'est très sympa si on n'a jamais vu ce genre d'endroit, mais pour ma part j'ai déjà vu mieux à Osaka. Je ne m'attarde pas et me rend ensuite au musée international du manga.
Ce musée est 1 vrai rêve pour les amateurs d'images futiles (traduction littérale de "manga"). C'est 1 mélange de musée et de bibliothèque, par contre il faut lire sur place il n'est pas possible d'emprunter les mangas. Il y a des murs entiers de bandes dessinées (en japonais bien sûr mais aussi en francais, chinois, vietnamien et même malais !), classées soit par ordre syllabique (selon l'alphabet hiragana), soit au 2ème étage par ordre de date de parution. Cette dernière section est particulièrement intéressante. Les créateurs du musée ont sélectionné pour chaque année depuis 1950 les mangas les plus marquants et chacune des séries correspondantes est disponible en intégralité. Ayant peur de trop sombrer dans la lecture et d'oublier de repartir, je me suis contenté de feuilleter les mangas qui me semblaient intéressants et que je ne connaissais pas. J'ai pris des notes et vais à l'occasion me renseigner si des traductions existes. Si jamais j'ai l'occasion de repasser à Kyoto, je consacrerai 1 jour entier à ce musée pour vraiment en profiter et pouvoir m'immerger à fond dans ce monde extraordinaire.
Des images encore plein les yeux, je remonte sur mon compagnon à deux roues et fais le tour non pas des bars (pas encore !), mais des temples de Kyoto. Bien sûr à force on a 1 peu l'impression de voir toujours la même chose mais il y a tout de même 1 variété immense de styles, de contenus (par ex. 1 temple comprenant 1000 statues de boudha entourant le boudha aux 1000 mains) et de manière générale j'adore l'atmosphère qui se dégage de ces endroits paisibles.


 Les jambes et les fesses en compote, je repasse à la pension pour prendre ma serviette et mon shampoing et vais prendre 1 bain dans 1 sento à 5 min. à pied de la Gojo Guest House. Encore plus petit que celui d'avant-hier, avec 1 seule grande baignoire, l'endroit est tout de même très sympa, très couleur locale. Après 1 bain bien relaxant, au moment de me rhabiller, 2 petites filles, les filles ou petites-filles du propriétaire, rentrent dans le vestiaire des hommes et se mettent à papoter avec 1 papi, nu comme un ver, lui disant que "de toute manière les hommes sont bien arrogants, même quand ils se balladent le zizzi à l'air" (citation fidèle et traduction littérale !). Et ces pitchounes sont hautes comme 3 pommes et n'ont même pas 5 ans !

Après cet épisode haut en couleur, je réenfourche mon vélo et vais manger dans 1 resto de gyoza (raviolis nippons fourrés à la viande et au tofu). La portion était 1 peu petite à mon goût mais sinon, délicieux !
De retour à la pension, je m'installe au café pour boire 1 bière bien méritée. Au départ, je discute avec Eiji, le gérant de la pension, qui est vraiment très sympa, puis avec les autres étrangers. La soirée est longue, très intéressante, avec entre autres des séquences photo pour "smile japan", 1 mouvement Internet spontané de pensions japonaises pour montrer que malgré la gravité de la situation actuelle, tous les voyageurs ne sont pas pris de panique et peuvent quand même profiter de leur séjour au Japon. Voici l'adresse où vous pouvez voir votre humble serviteur : le sourire du Fukusuke.
Alors que la plupart des personnes présentes vont se coucher, Eiji propose d'aller diner une deuxième fois avec lui et un de ses amis. Trine, une jeune danoise, et ma pomme acceptent et c'est parti pour la bouffe de minuit !
Dans un bar-restaurant qui sert à manger jusqu'à 4 h du mat (!), nous buvons de la bière et du saké en savourant de petits plats (otsumami = en-cas pour accompagner l'alcool) et des nouilles Udon. Parmi les otsumami, 1 était vraiment exceptionnel, "ni buta", des fines tranches de porc marinées dans de la sauce soja et du mirin (1 produit sucré dérivé du saké) puis grillées. 1 véritable illumination gustative ! Au final, il est 2 h du mat quand je retrouve mon lit, bien bien fatigué.

mercredi 16 mars 2011

Exode, bain de culture nippon et rencontres internationales

Aujourd'hui encore, récit à deux facettes : d'une part, la suite du compte-rendu de mon séjour à Kyoto et d'autre part quelques réflexions sur la catastrophe du Tohoku.

Après une période d'apathie fataliste, les secours commencent enfin à prendre forme. Dans tout le Japon, des collectes de dons sont organisées (dans les temples, les stations de métro, par des organisations caritatives et même les joueurs des grandes équipes de baseball) afin de venir en aide aux gens qui ont tout perdu. D'ailleurs, les japonais font preuve d'une très grande solidarité. Les personnes dont la maison est encore intacte accueillent ceux qui n'ont plus de toit, d'autres font à manger pour les réfugiés qui couchent dans des gymnases gares et autres salles de conférence. Malgré la destruction d'une grande partie de l'infrastructure, la menace nucléaire toujours très grave, ces petits gestes sont une lueur d'espoir et donnent un peu de baume au coeur.

Les étrangers, résidant au Japon ou simplement en visite, fuient quant à eux en masse. Durant mon séjour à Kyoto, j'en ai rencontré plusieurs, complètement paniqués, qui avaient quitté Tokyo en catastrophe et s'efforcaient de prendre le plus rapidement 1 vol depuis Osaka, dont l'aéroport est naturellement complètement saturé. Je reçois de nombreux messages me conseillant moi aussi d'abréger mon séjour. Pour l'instant, à Osaka tout est absolument normal. Bien sûr, si la situation à Fukushima venait à s'aggraver et qu'il y a un risque de contamination de la région où je me trouve, nous aviserons immédiatement. Je quitterais alors le pays, vraisemblablement en même temps que Kumiko et nous enverrons le reste de sa famille à Kumamoto, ville située à 800 km au sud d'Osaka. Je ne sous-estime pas la gravité des choses, je sais qu'un nuage radioactif se déplace très rapidement, je suis juste réaliste et m'efforce de ne pas céder à la panique générale. Nous allons suivre les infos de très près, aussi bien japonaises, qu'étrangères et on verra.

Passons à présent à des choses un peu plus gaies, le 2ème jour de mon séjour kyotoite (14.03).

Après une nuit difficile (mon voisin de chambre est bien gentil mais ronfle comme un 38 tonnes...), petit déjeuner à l'européenne puis promenade sous le soleil en direction du palais impérial, situé à une petite demi-heure à pied. L'ancien palais des empereurs nippons se trouve dans un parc immense et malheureusement je ne peux pas rentrer car pour le visiter, il est nécessaire de s'inscrire la veille avec son passeport et en plus l'entrée coûte 1000 Yen (10€). Les japonais ne peuvent pas le visiter, juste les étrangers. C'est débile mais c'est comme ca... Un peu dégouté, je me ballade dans le parc, joli mais trop gigantesque à mon goût puis continue à pied en direction du château Nijo, la résidence secondaire du 1er shogun de l'ére Edo, Tokugawa Hieyasu. Bien sûr, en chemin je me paume et pars dans la direction opposée, sans commentaire...

Cette nouvelle preuve de mon sens de l'orientation magique, car inexistant, me permet toutefois de découvrir, au détour d'une ruelle, un fabricant de tofu, magasin qui a pratiquement disparu dans tout le Japon, à part à Kyoto, la ville par excellence de préservation du patrimoine nippon.

M'étant trop éloigné du château pour l'atteindre à pied, je rejoins la station de métro la plus proche et arrive enfin à destination.

Toutes ces péripéties n'ont pas été vaines, l'endroit est magnifique. Situé dans un très beau parc avec beaucoup de pruniers en fleur, le chateau est très intéressant. A l'époque du shogunat, le protocole était très complexe et avant d'être recus par le shogun, les seigneurs féodaux devaient passer par plusieurs "pièces d'attente", suivant leur rang. Tout autour de ces pièces, le sol est recouvert d'un parquet spécial sur lequel n'importe quel mouvement fait 1 bruit infernal, rappelant le cri d'un oiseau. Ce système est une défense passive empêchant toute intrusion hostile dans le bâtiment.

La décoration de l'intérieur du château est magnifique, surtout les peintures des portes coulissantes en bois et des murs, représentant des scènes très épurées de la nature japonaise.


Ayant fait le plein de culture et de pruniers, je repars en métro vers l'est, jusqu'à la station Higashi Yama pour aller visiter un musée des arts traditionnels nippons. En chemin, je tombe sur un magasin de mochis, sucreries japonaises à base de riz collant et de haricots de soja. Elles ne sont pas données, 1,5€ pièce, mais délicieuses !


Quant au musée, c'est un endroit passionnant avec des présentations détaillées de tous les arts traditionnels japonais (par ex. fabrication et teinture des kimonos, sculpture des ornements en pierre des temples, fabrication de peignes, meubles, flèches, arcs, cordes, etc...). Tout est expliqué étape par étape, également en anglais, avec des petites vidéos où l'on voit les artisants travailler.

Après cette nouvelle immersion dans le patrimoine nippon, récupération des bagages à la pension d'hier puis trajet en train local jusqu'à la Gojo Guest House où je vais passer les 2 prochaines nuits. Vieille maison traditionnelle entièrement renovée avec 1 café au rez-de-chaussée et les chambres au 1er, l'endroit me plait dès mon arrivée. Le gérant, 1 japonais très cool, cheveux longs, bonnet de ski en permanence vissé sur le crâne, est bien sympa.
Je pose mes clous puis repars en vadrouille dans le centre de Kyoto, en passant par Gion, le quartier touristique par excellence où l'on croise de nombreuses Mayko (en gros, geisha en apprentissage) plus ou moins authentiques (d'après Kumiko 1 bonne partie sont juste costumées et se balladent pour les touristes). Arrivé dans les Shotengai de Kyoto (arcades marchandes) qui n'offrent en soi rien de particulier à part la jeunesse nippone dans toute sa splendeur (ou son horreur suivant les goûts...) et un magasin tout à 100 Yen (1€) où je m'achète 1 mini-réveil très sympa, surtout vu le prix, qui va me servir de montre.

Ensuite, retour à la pension, 1 petit café et du repos jusqu'à la tombée de la nuit puis excellentes ramen (soupe de nouilles nippones avec des pousses de soja et des lamelles de porc) dans un bouiboui très authentique. Bien rassasié, je pars à pied jusqu'au temple boudhiste Kiyomisudera où ont lieu des illuminations. Ce temple, construit sur des sortes de pilotis, est très impressionnant et de nuit l'atmosphère est assez magique, très paisible et propice au recueillement. Partant de ce temple, un chemin illuminé par des milliers de lanternes permet de rejoindre un autre temple, shinto celui-là, de Yasaka. Comme de bien entendu, les ruelles sont jonchées de magasins de souvenirs, de bouffe et autres portes-bonheur. Déjà bien fatigué, je ne vais pas jusqu'au bout et rentre à la Gojo Guest House. Tous les gens logeant sur place, en grande majorité des étrangers, sont dans la partie café et parlent de la situation dans le nord en buvant de la bière. Après avoir brisé la glace autour d'une bière, nous sympathisons. Outre ma pomme se trouvent là un couple de hollandais, 2 francais (de Lyon et 1 s'appelle lui-aussi Olivier !) et 1 américain. Au vu des problèmes à Fukushima, ils ne paniquent pas mais ont décidé de repartir d'Osaka et non pas de Tokyo comme prévu initialement. Malgré la fatigue, nous papotons assez longtemps et il est prêt de minuit quand je monte me coucher. Dans ma chambre, 1 dortoire pour 8 personnes, se trouvent 2 italiens de Milan, dont 1 assez excentrique qui ne me parle qu'en japonais. Il habite à Tokyo où il apprend le japonais mais contrairement aux autres étrangers, lui il panique à mort et veut rentrer le plus vite possible en Italie.

mardi 15 mars 2011

Fukushima, cauchemard éveillé / Kyoto, fol espoir de sérénité

A Kyoto depuis avant-hier, j'essaie, malgré les évènements actuels, de profiter de mon sejour, mais franchement ce n'est pas facile. La situation est toujours aussi bizarre. Ici tout le monde continue son train train quotidien et dans le nord on compte les morts et les centrales sont sur le point d exploser...

Waru Yume (cauchemard)

La bétise, préméditée ou non des autorités japonaises quant au choix de l'emplacement des centrales nucléaires me met dans une rage noire. Implanter de telles installations dans la region la plus susceptible d'être touchée par les tremblements de terre, ce n'est meme plus de la bétise, c'est presque un crime contre l'humanité. Tohoku, la région de l'épicentre, était un endroit d'une telle beauté, avec tant d'histoire, ça me rend bien triste de penser que tout est à present sous les flots ou les décombres, sans bien sûr parler des pauvres gens sur place.
J'ai effectué 2 séjours à Sendai pour apprendre le japonais, en 2002 et 2005. J'ai beaucoup aimé la ville et ses habitants et à présent tout est detruit. J'ai tenté à plusieurs reprises en vain de contacter les gens que je connais sur place. Je ne sais absolument pas s'ils ont survécu au désastre....

Kyoto no heiwa (Kyoto, havre de paix)

Depuis mon arrivee dans l'ancienne capitale nippone, je marche beaucoup, visite de nombreux temples et trouve même le temps de faire des randonnees en montagne. Voici le récit du 1er jour de mes "aventures" :

13.03: Randonnée en montagne, vive les bains et le curry !

Départ aux aurores de Sakai, la route est longue. Première destination du jour, Kurama, village dans les montagnes au nord de Kyoto. 3 h et 3 changements de moyen de transport plus tard, arrivée à Kurama dans un train très sympa, conçu pour profiter du paysage sans se prendre de torticolis.

Le site de Kurama se compose de plusieurs temples répartis sur toute la montagne. Un chemin de pélerinage relie Kurama à Kubine, de l'autre côté de la montagne en passant par tous les temples. L'endroit est magnifique avec des arbres immenses, mais les temples sont très neufs, reconstruits encore et encore en raison d'incendies répétés au cours des ans.


La randonnée n'est pas bien longue, en 2 h j'arrive sans me presser à Kibune. Cette bourgade est ultra-touristique mais le cadre très beau, au bord d'une rivière qui enchante avec ses nombreuses chûtes d'eau. Après avoir bien rentabilisé mon appareil photo, je redescend à pied jusqu'à Kibuneguchi, la gare la plus proche. Ensuite, je refais en train 1 partie du trajet en sens inverse et m'arrête au nord de Kyoto, où je vais coucher ce soir.


Ma pension du jour, appelée Waraku-An, est une maison traditionnelle kyotoite entierement restaurée par 1 corse, le mari de la proprio. C'est un bel endroit paisible et pas cher du tout, chose assez rare à Kyoto.

Petite pause, puis ballade dans les environs. Le temple shinto le plus proche, Heian Jingu, est vraiment immense et bondé de touristes. Je fuis le plus rapidement possible et trouve un endroit beaucoup plus intéressant et surtout beaucoup plus tranquille, Kurodani, un espèce de "complexe spirituel", composé de temples boudhistes, shintos, d'un très beau cimetière et de pagodes.


 Apres cette grande promenade, repos bien merité dans un sento. Contrairement à un onsen, il ne s'agit pas d'une source d'eau chaude mais d'un bain public traditionnel. C'est un endroit 1 peu hors du temps, tenu par des grands-meres jumelles.
Bien relaxé et un peu fatigué, je vais diner dans un snack qui fait 1 très bon "katsu-kare" (curry avec une escalope panée coupée en tranches). Autant la bouffe etait excellente, autant l'ambiance était quasi glaciale et pour combler le tout ils ne servaient pas de bière ! 1 peu frustré, je passe au supermarché du coin et achète du Chu-Hai (cocktail à base d'alcool de riz et de limonade, existe en de nombreux parfums) et des haricots salés. Je savoure le tout dans la pièce commune de la pension en papotant avec 1 de mes voisins de chambrée, 1 retraité de Yamaguchi (la province la plus au sud de l'île de Honshu). C'est un fan des trains locaux et il compte rentrer le lendemain en tortillard --> 11 heures de trajet. Il faut vraiment aimer le train :-).

samedi 12 mars 2011

Jishin

Ces deux syllabes font à la fois partie du quotidien des Japonais et représentent l'épée de Damocles qu'ils ont tous au-dessus de la tête. Je suppose que vous avez déjà deviné leur signification : séisme.
Au vu des événements, aujourd'hui pas de bafouille rigolotte, plutôt une réflexion sur ce qui vient de se passer. Sur place, la situation est assez surréaliste : à Osaka (là où je suis actuellement) tout est normal, la vie poursuit son cours, comme s'il ne s'était rien passé. Il suffit pourtant d'allumer la TV pour se prendre l'état d'urgence en pleine face. Il n'y a plus aucune émission normale, juste des reportages sur le tremblement de terre sur toutes les chaînes. Parmi toutes les images plus horribles les unes que les autres, une petite anectode qui fait "1 peu" sourire : sur la plupart des chaînes les présentateurs portaient tous des casques de chantier, alors qu'ils étaient bien en sécurité dans leurs studios et que leurs collègues en arrière-plan quant à eux n'en avaient pas... Heureusement que contrairement au séisme le ridicule ne tue pas....
Autre chose bizarre mais beaucoup plus alarmante : alors que les journalistes parlent à longueur de journée des dégats, du nombre de victimes et montrent des gens dans les abris, par contre le risque d'accident nucléaire est minimisé. Quand je regarde la TV nippone, dans les centrales touchées ils essaient de faire baisser la température et la population a été évacuée dans un rayon de 20 km, mais il n'y a aucun risque d'irradiation, c'est tout. Quand je lis les journeaux étrangers sur Internet, on est au bord d'un nouveau Tchernobyle. Que croire ?
Je pars demain à Kyoto pour quelques jours mais franchement le coeur n'y est pas vraiment. On se sent si impuissant et décontenancé.... Je devais retrouver 1 ami français, mais comme on pouvait s'y attendre, il a décidé d'annuler son voyage. Je vais tout de même essayer de profiter de mon séjour. Je reviens mercredi soir et vous raconterais tout ça.

jeudi 10 mars 2011

Je ne suis pas venu pour des prunes !

Hé bien si ! A peine arrivé au pays du soleil levant, j'ai pu me faire 1 petit "ume mi" (littéralement voir les prunes) dans un parc à 5 min. à pied de la maison des parents de Kumiko.

Mais ne précipitons pas les choses et commençons par le commencement : le voyage, que je vais vous décrire brièvement.
Mardi matin, 8h15, je quitte mon appartement surgelé d'Offenbach (plus de chauffage depuis 2 jours en raison d'une big fuite dans le circuit...) et monte dans 1 taxi. Je ne suis pas crésus mais en raison d'une grève annoncée dans les transports en commun (comme par hasard le jour de mon départ...), je n'ai pas trop le choix... Ensuite, voyage sans problème entre Francfort et Osaka avec 1 escale à Helsinki. Bouffe médiocre et quantités insuffisantes mais bon à part la fois où j'ai eu droit à 1 "upgrade" gratos en business class les repas dans les avions c'est toujours plutôt la cantine que le 3 étoiles. Ayant visionné 3 films en 9 h, je n'ai évidemment quasiment pas dormi. Parmi les longs métrages, 1 était franchement excellent, le dernier chef d'oeuvre des frères Coen, True Grit, 1 western à la fois drôle et tragique avec de très bons acteurs dont 1 Jeff Bridges très en forme !
Mercredi matin, 10h (heure du Japon), arrivée pile poil à l'heure à Osaka. Ensuite, en moins de 3/4 h, contrôle du passeport, valise récupérée, douane passée (après contrôle du contenu par 1 fonctionnaire qui voulait juste taper la converse avec 1 étranger...) et achat du ticket de bus pour Izumigaoka, la banlieue de Sakai (30 km au sud d'Osaka) où je vais loger.
11h50 : arrivée à Izumigaoka. 12h15 : enfin à destination, 20h après mon départ. Ensuite, après-midi repos à la casa della mia ragazza et à 22h au dodo.

Ce matin, réveil à 8h, bien reposé. Petit déjeuner euronippon (café + patisseries japonaises aux haricots de soja) puis grande ballade dans le parc à proximité. Hop, la boucle est bouclée, nous sommes de retour dans les pruniers ;-).


La floraison des pruniers, bien que moins connue en occident que celle des cerisiers, est elle aussi très appréciée des japonais et presque aussi belle à mon umble avis.
Après avoir mitraillé comme 1 vrai japonais avec mon Canon à objectif scié, le panneau ci-contre attire mon attention à proximité d'un plan d'eau :

Le plan d'eau en question est en outre entouré d'espèces de barrières en pierre qui rendent l'accès bien difficile.
Comme le cliché ci-dessous le prouve, cela ne rebute pas vraiment les visiteurs et montre que les nippons ne sont pas les gens si ordonnés et respectueux des règles que les clichés voudraient bien nous le faire croire :


C'est sur cette leçon d'anti-clichographie que je termine cette première longue bafouille, Kumiko m'appelle pour diner. Au menu : sashimi et oden, miam !

mardi 1 mars 2011

日記の復活 - Still Alive!

Debout ! On se réveille !

Quel fainéant ce blog. Depuis la fin du périple québecois, il n'arrête pas de roupiller !
Mais bon, on le comprend un peu : un carnet de voyage sans voyage c'est pas très passionnant...

Après une année 2010 difficile et sans périple notable, je commençais à avoir des fourmis dans le sac à dos. Fort heureusement la disette aventureuse touche à sa fin, je pars mardi prochain (08.03) pour le pays du soleil levant rejoindre la miss Kumiko et vais y rester 3 semaines.
La valise, toute belle, toute neuve, n'attend plus qu'à être remplie !


Pour l'instant, le planning du séjour n'est pas encore tout à fait fixé mais voici quelques idées : visite de Kyoto puis tour du lac Biwa ; voyage en direction d'Hamamatsu, ville à env. mi-chemin entre Osaka et Tokyo pour rendre visite à un copain japonais. Autres activités prévues : apprentissage du japonais, bonne bouffe et Onsen (bains nippons) ;-).

A la semaine prochaine en direct d'Osaka :-).