Au milieu du 19ème siècle, le Japon est forcé par la marine américaine de s'ouvrir sur l'occident. Le gouvernement de l'époque, appelé shogunat, sort affaibli de cet évènement et des courants politiques prônant le retour de l'empereur à la tête de l'état virent le jour. Cette période troublée appelée Bakumatsu dura de 1853 à 1868.
Un des acteurs principaux de la chute du shogunat mais aussi de la modernisation du Japon est Sakamoto Ryôma. Ce samouraï originaire de Kochi, dans l'île de Shikoku, fut tour à tour marchand, révolutionnaire et médiateur. Une série TV diffusée en 2010, Ryôma Den, retrace la vie et l'oeuvre de ce visionnaire, quasiment inconnu en occident.
Ce préambule historique était nécessaire car la première étape de ma journée d'aujourd'hui est l'auberge de Teradaya, à Fushimi dans le sud de Kyoto, qui fut témoin de 2 évènements clés de la révolution nippone. En 1862, des adeptes du mouvement Sonnô-Jôi ("révère l'empereur, repousse les barbares") y furent liquidés par la police secrète du shogunat. Ce mouvement patriotique était très en vogue dans la caste samouraï, surtout dans les provinces rebelles du sud de Tosa (d'où est originaire Sakamoto Ryôma) et de Satsuma (dans l'île de Kyushu). Ryôma en fit partie pendant quelques années. L'auberge de Teradaya appartenait au fief de Satsuma et Ryôma y logeait à chaque fois qu'il venait à Kyoto. En 1866, Ryôma échappa de justesse à une tentative d'assassinat dans cette même auberge.
Teradaya existe encore aujourd'hui et il est même possible d'y séjourner !
Je passe une bonne heure dans ce lieu chargé d'histoire avant de poursuivre ma ballade-découverte du quartier de Fushimi. Cet endroit est assez méconnu des touristes, qui se contentent d'aller visiter le site de Fushimi-Inari (où je vais me rendre cet après-midi) et encore, quand les nombreuses attractions touristiques du centre de Kyoto leur en laissent le temps. Ayant déjà passé 3 jours à Kyoto lors de mon précédent voyage, je peux aujourd'hui consacrer tout mon temps à Fushimi.
Ce quartier regorge de trésors cachés, mélange idéal entre temples et autres lieux touristiques et vie quotidienne mais traditionnelle nippone. Vu la taille de Fushimi, env. 5 km², je décide de ne pas m'arrêter pour déjeuner et achète des snacks dans une vieille boulangerie et une boucherie sympa où la propriétaire fait beaucoup d'efforts pour me parler en anglais et me décrit tout le contenu du magasin alors que je voulais juste des croquettes de pommes de terre...
Pour le japonais moyen, quand on lui parle de Fushimi, il pense tout de suite saké ! En effet, ce quartier, situé à l’extrémité sud de l'agglomération de Kyoto, est très réputé pour ses fabricants de saké, encore fort nombreux aujourd'hui. Quelques semaines avant notre départ, nous avons par hasard vu sur NHK World (l'équivalent nippon de TV5) un reportage sur un des plus vieux fabricants de saké de Fushimi, la brasserie Shotoku. Cette société sort de l'ordinaire à plusieurs points de vue : le chef brasseur est une femme et celle-ci a conçu dernièrement des bouteilles de saké au design très moderne, une bouteille différente pour chaque saison.
Je me rends sur place, achète le saké collection hiver 2012 et au culot demande si je peux rencontrer "madame le designer-brasseur". On me la présente et j'ai droit à une visite guidée de l'établissement pour moi tout seul ! C'est très intéressant, même si les termes techniques nippons de la production du saké m'échappent un peu. Fort heureusement, j'appelle mon cher téléphone Nokia à la rescousse et enregistre une bonne partie des explications. La miss Kumiko se fera un plaisir de tout me traduire :-).
Après cette visite très instructive, je continue en direction du nord-ouest jusqu'au temple de Jonangu, un site peu connu mais immense avec de très belles fresques. J'en profite pour engloutir mon déjeuner. La marche, ça donne faim !
Ca fait 3 heures que je suis à Fushimi, j'ai déjà fait plus de 5 km et n'ai même pas vu la moitié des attractions touristiques. Il va falloir que je change un peu mes plans, ça ne va pas être possible de tout faire à pied...
Je regarde le plan et repars plein est jusqu'à la gare la plus proche, Sumizome. Sur la carte, ça n'avait pas l'air d'être si loin, mais au final je marche pendant 3/4 d'heure...
Fort heureusement, le trajet est agréable et en chemin je découvre un très beau temple, même pas indiqué dans mon guide touristique ! Arrivé à Sumizome, je prends le train pour 3 stations, jusqu'à Fushimi-Inari. Sur place, je suis loin d'être tout seul, c'est la cohue ! On est samedi, début janvier, il doit encore y avoir une fête religieuse...
Ce site, dont le nom exact est Fushimi Inari-Taisha est un sanctuaire dédié aux Inari, la divinité shinto de l'agriculture, représentée par un renard. L'endroit est surtout connu pour ses Torii, les portes qui marquent l'entrée d'un sanctuaire shinto. D'habitude, on trouve une Torii à l'entrée c'est tout. Mais à Fushimi-Inari, toute la montagne environnante est littéralement envahie par ces portes, le site en compte plus de 10 000 ! Depuis la place principale, blindée de monde, je pars en randonnée dans un tunnel vermillon de portes Torii.
Ce site est très impressionnant, mais après 2 heures à monter et descendre la montagne sacrée, j'en ai ras les genoux de Fushimi-Inari !
Après m'être faufilé dans la jungle humaine toujours aussi dense sur la place principale du sanctuaire, je m'échappe de cette marée humaine.
Je veux reprendre le train à Fujinomori, 2 stations plus au sud et repartir pour Osaka. En chemin, je visite quelques temples, dont un au jardin très intéressant avec pas loin d'une cinquantaine de statues de bouddha en pierre aux mimiques bien marrantes.
Quand j'arrive enfin à Fujinomori, je suis complètement cassé et un café juste à côté de la gare est le bienvenue pour faire une petite pause avant de prendre le train. Il est 16h30 et je n'avais pas l'intention de manger, mais une délicieuse odeur de curry me chatouillant les narines, je ne résiste pas et commande un Katsu-Kare-Teishoku (formule curry-escalope pannée) qui s'avère être excellent !
Ayant un peu rechargé les batteries, je repars en train pour Osaka, plus précisément pour Tengachaya, mon quartier fétiche ! Chez Ten, mon Izakaya (bar-resto) de prédilection, je retrouve les habitués de l'endroit, dont Deguchi-San, un japonais très intéressant qui travaille à Sakai chez un fabricant de vélos, une des industries phares de la ville. Après avoir bien mangé et bien bu chez Ten, nous allons
dans un bar-karaoké. D'habitude, je suis pas très fan de ce genre d'endroit, mais celui-ci est sympa, avec une ambiance "cosy". Après quelques verres, je rentre accompagné par le japonais qui chante dans la vidéo ci-dessous. Il était censé me ramener mais au final il est tellement beurré que c'est moi qui le mets dans son train ;-).
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