Depuis sa "réouverture" sur l'occident au milieu du 19ème siècle, le Japon a voulu à tout prix se moderniser, trop souvent au détriment de sa culture et de sa nature. Après la 2ème guerre mondiale, ce processus s'est accéléré et à l'heure actuelle il devient très difficile de trouver, en dehors des sites touristiques, de la nature à l'état brut et de vieilles maisons. Ces dernières ont généralement laissé la place à des bâtiments moches à plusieurs étages qui abritent des résidences aux noms occidentaux plus clinquants et kitchs les uns que les autres, dans le genre "L'accienda du luxe" ou "Le château de Rieko". Quant à la nature, ce qu'il en reste est la plupart du temps clôturée, enfermée derrière de grandes barrières, insinuant que c'est "dangereux" et/ou "sale". J'en viens plutôt à croire que les japonais n'aiment plus ou craignent les espaces sauvages, incontrôlés et font donc tout pour les rendre "urbanisés". Ce préambule résume mes impressions de la journée d'aujourd'hui.
Nous avons suivi au sein de l'agglomération de Sakai un des trajets pédestres qui relie Takeshirodai, l'endroit où habite la maman de Kumiko, à Komyo-Ike, 2 stations de RER plus au sud. Mis à part le fait que le sentier en question suit des routes très fréquentées, le début du trajet est sympa et notre première étape, une bonne surprise. Appelé "Forest Garden", il s'agit d'un grand parc pas trop bétonné, avec de nombreux espaces de jeu pour enfants en bois, donnant à l'endroit un aspect naturel, chose loin d'être courante au Japon. A proximité, un espace est réservé aux gens ne possédant pas de jardin, mais souhaitant avoir un potager.
Après ce bain de verdure, nous repartons sur le circuit pédestre ou tout au moins c'est ce que nous croyons, en fait nous sommes allés dans la direction opposée. Vive moi, la seule boussole qui pointe vers le sud...
Mais comme le dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon : en chemin, nous passons devant un petit restaurant qui propose des formules pour le midi. Je prends des gyozas (raviolis chinois fourrés aux appétits et à la viande de porc) et Kumiko des kara-age (nuggets de poulet). Tout est très bon et nous repartons rassasiés jusqu'au Forest Garden afin de reprendre le bon sentier.
Prochaine étape, un temple shinto aux décorations originales, surtout les plafonds parés des armoiries des familles nobles environnantes. Le site est paisible, entouré de forêts de bambou. De là, nous poursuivons pendant 5 km notre périple sur une route de montagne qui devrait être en pleine nature mais qui en fait est cloisonnée, clôturée et au final il n'est pas possible d'accéder aux forêts environnantes, on doit marcher le long de cette route assez passante, en espérant que les véhicules qui nous frolent sans respecter les limitations de vitesse laissent suffisamment d'espace. Pour couronner le tout, nous longeons une exploitation agricole où sont stockées des tonnes de fumier...
Et la préfecture de Sakai a le culot d'appeler ce circuit un sentier pédestre, alors qu'ils n'ont même pas été fichu de construire des trottoirs ! Par contre, il y a suffisamment de place et de moyens pour raser une partie de la montagne afin d'y installer un golf 18 trous...
Pour conclure cette partie pas très riante de la journée, nous tombons sur un étang qui sert de décharge sauvage. Là aussi la préfecture de Sakai est en partie responsable de cet état de fait car malgré des impôts locaux parmi les plus élevés de tout le Japon, il faut payer près de 30€ à chaque fois que l'on fait appel aux encombrants. Les gens du coin ne s'embêtent pas et balancent tout dans la nature...
Au sortir de la route de la nature souillée, nous arrivons dans un très joli petit village, avec de nombreuses maisons traditionnelles, ça fait du bien de voir que la course au progrès n'a pas encore tout détruit ce qui fait la beauté du Japon rural.
Au bout de ce village commence un grand site bouddhiste, Amanosan. L'endroit est immense et très joli, le long d'un petit ruisseau.
Arrivés à l'entrée principale, gros désenchantement : la plupart des bâtiments sont recouverts d'échafaudages, tout le site va être rénové. On a vraiment pas de chance, c'est la 1ère fois en 300 ans que ça arrive ! Il n'y a donc presque rien à voir, ce qui ne les empêchent pas de faire payer les visiteurs. Ils ne manquent pas de culot !
1 peu dégoutés, nous repartons en bus jusqu'à la station de RER de Komyo-Ike d'où nous rentrons à la maison.
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